Carte 04 : Aménagement des bassins versants
Pour pallier aux conséquences parfois désastreuses des événements extrêmes, s'assurer une ressource en eau douce stable, et être plus résilients face aux modifications du cycle de l'eau, certains aménagements semblent apporter des solutions (stockage de l'eau, redistribution de cette ressource). Mais chaque aménagement a des répercussions sur la continuité des cours d'eaux.
Comme on l'a déjà souligné, un des aspects les plus impactant du changement climatique est l'effet de ciseaux qu'il entraîne sur les besoins et les ressources en eau. D'un côté, l'évapotranspiration et les changements du régime des précipitations réduisent la pluie efficace, c'est-à-dire la pluie qui alimente les cours d'eau et les nappes, tandis que, de l'autre, ils tendent à accroître les besoins de prélèvements sur la ressource hydrique, notamment pour l'irrigation et le soutien d'étiage. Sans adaptation des politiques de l'eau, tant dans leurs volets offre que consommation, de telles évolutions conduiront vers des conflits sévères et sauvages entre les usages concurrents.
Il existe cependant des solutions techniques pour répondre à ces problématiques d'adaptation et de résilience face aux ressources en eau et aux événements extrêmes du cycle de l'eau. En France, il est notamment proposé :
La construction de canaux pour partager la ressource entre les territoires d'abondance hydrique et ceux en situation de stress hydrique. En effet, il n'est pas prévu en France de manquer réellement d'eau dans les 50 prochaines années. Mais les précipitations ne sont pas également réparties, et lorsque certaines régions reçoivent beaucoup d'eau, d'autres en manquent.
Des mesures naturelles, telles que la désimperméabilisation des sols (en réimplantant des haies ou un couvert végétal) pour limiter le ruissellement de surface ; et la préservation ou restauration des zones humides, particulièrement en amont des bassins versants : elles constituent des "éponges naturelles" qui reçoivent de l'eau, la stockent et la restituent progressivement.
Des solutions de stockage de l'eau : en surface, les lacs réservoirs et les barrages peuvent parfois répondre à des besoins en matière de soutien d'étiage, d'irrigation et de production d'énergie. On parle aussi de stockage souterrain, action qui consiste à recharger artificiellement les nappes phréatiques.
Source : Adapter la France aux dérèglements climatiques à l'horizon 2050, urgence déclarée : Rapport d'information de MM. Ronan DANTEC et Jean-Yves ROUX, fait au nom de la Délégation sénatoriale à la prospective – Enregistré à la Présidence du Sénat le 16 mai 2019.
L'artificialisation des cours d'eau, si elle répond parfois à des problèmes de répartition de la ressource en eau, peut aussi questionner en matière de biodiversité aquatique et de continuité des cours d'eau. Cette problématique a été mise en avant notamment avec la Directive Cadre sur l'Eau ; qui vise à améliorer la gestion de l'eau en Europe en prévenant et réduisant sa pollution, en promouvant son utilisation durable et protéger l'environnement,et à améliorer l'état des écosystèmes aquatiques. Les barrages rompent la continuité sédimentaire et entravent la circulation de la faune aquatique, malgré l'installation parfois de passes à poissons. De telles répercussions sur les écosystèmes aquatiques doivent être évalués et discutés afin d'arriver à un compromis entre la préservation de la biodiversité, et la nécessité de maintenir un accès à l'eau suffisant ou de se protéger contre des événements extrêmes.